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Musique et Danse en Loire-Atlantique | Ancenis

FORMATION-ACTION CULTURE/SOCIAL

Délégation d’Ancenis, 2022

© Émeline Séchet.



Même si les stagiaires présentes — toutes des femmes — ont exprimé leur « complexe de spectatrice », même si elles ont déjà éprouvé ce que c’est d’être « spectatrice illégitime », il n’en reste pas moins que chacune possède en réalité une expérience de spectatrice, pour ne pas dire une expertise. Révéler cette expertise pour faciliter l’accueil d’impressions des publics accompagnés, c’est l’une des idées-forces de cette formation. Formulé autrement : identifier et penser sa pratique de spectatrice pour créer les conditions d’un regard partagé sur une œuvre.

Même nous, formateurs et formatrices, avons parfois l’impression de n’avoir « rien à dire », d’être sans commentaire, par exemple après avoir assisté au Syndrome de Pénélope (création 2021 de la compagnie NG25). La conversation avec des ados a aidé à tirer le fil. De « vide » nous sommes passés à « plein ». Plein à dire. Plein d’autorisation à dire. Et sans tabous. Sans jugement. Rien de mieux pour se préparer à converser avec des publics en situation de vulnérabilité. Pour ne pas juger en retour et échanger sans tabous. Ne pas être dans le « Comment ça, vous n’avez pas aimé ? », mais dans une parole libérée et partagée.

S’autoriser à dire pour autoriser à dire. Voilà un peu le mantra implicite qui s’est tissé très vite dans les conversations. Voire sʼauteuriser — reconnaître son devenir de spectatrice et autrice d’un point de vue sur une œuvre — pour auteuriser le public accompagné à développer son propre regard. Pour reprendre une parole entendue pendant l’agora autour du spectacle Le Syndrome de Pénélope : « On a des matériaux en soi, mais c’est l’occasion de prendre appui dessus pour après faire s’exprimer les autres. »

Lors de la représentation scolaire du Syndrome de Pénélope, les enseignants et enseignantes, très présentes par leur discrétion, n’ont peut-être pas appréhendé ce quʼil pouvait y avoir « là-dessous ». C’était sans nul doute, pour eux, une « sortie-plaisir », un « outil de divertissement intellectuel ». De leur côté, les ados capuchés affalés dans les fauteuils rouges ont pu s’exprimer au sujet de cette expérience. Que nous ont-ils dit de leur savoir-spectater ? « On devrait faire ça plus souvent avec l’école (…) On sent qu’on peut débattre après un spectacle (…) Dans un spectacle il y a plein de sujets différents (…) Des échos avec plein de matières (…) On apprend des choses par le spectacle (…) Le spectacle est un enseignement ».

Se pose bien sûr la question du rapport au spectacle du personnel pédagogique, et en prolongement, de ceux et celles qui accompagnent les publics en situation de vulnérabilité. Car cette situation est un « classique ». « Parfois c’est nous, les accompagnantes, qui faisons écran », entendra-t-on pendant l’agora autour du Syndrome de Pénélope. Et la discussion-réflexion continuera, sur le parvis du Quartier libre. Une discussion libre dans ce lieu du libre imaginaire. « Le spectacle dans une formation-action, c’est autant un travail d’émancipation de nous-même que d’aller transmettre au public, aussi vulnérable soit-il. »

Cette formation a la couleur de l’action réciproque, celle de former et être formé. Cette même réversibilité sémantique prévaut pour le penser et lʼagir, la culture et le social. Un mouvement d’ensemble où, par les voix des unes et des autres, lʼon apprendra des arts de quoi le social est fait, aussi bien que la manière dont les œuvres transforment celles et ceux qui les regardent.


Le mini-dico du·de la spectateur·ice : Musique et Danse en Loire-Atlantique | Ancenis

  • A
  • Auteurisé·e

    Compose son poème face au poème qu’i·elle a devant el·lui. Vit la relation à l’œuvre dans une dynamique symétriqu…

  • C
  • Culpabilisé·e

    C’est un mal que d’être spectateur·ice, pour deux raisons. Premièrement, parce que regarder est le contraire de con…

  • Culpabilisé·e (bis)

    Sa faute, sa grande faute, son énorme faute, évidemment condamnable, est de ne pas avoir vu et lu s…

  • E
  • Engagé·e

    Est le maître à penser de l’engagement politique du spectateur. Spectater des œuvres scéniques est un acte milit…

  • Expert·e

    gui-dico-52.png
  • I
  • Illégitime

    Coupable de ne pas avoir assez vu de spectacles pour être assis·e là où i·elle est assis·e, face à des œuvres qu’i·el…

  • M
  • MeToo

    Comment l’artiste peut-il passer à côté des transformations sociétales ? L’art, c’est bien. Mais l’art et la vie, …

  • N
  • Néo-Spectateur·ice

    gui-dico-47.png
  • P
  • Prescripteur·euse (profane)

    Auto-missionné·e pour conseiller et former les publics, la·e spectateur·ice-prescripteur·euse est à la reche…

  • p
  • prescripteur·euse (professionnel·le)

    Missionné·e pour conseiller et former les publics, la·e Spectateur·ice-prescripteur·euse professionnel·le n’en …

  • R
  • Rien

    Ne regarde rien. N’écoute rien. Ne pense à rien. N’applaudit rien. N’en dira rien. R…

  • S
  • Sans-Commentaire

    A apprécié. C’est tout. « Lui, je le connais bien, c’est un copain d’enfance, le genre timide et introv…

  • Sociologue

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Contexte & crédits

Formation-action culture/social initiée par le Département de Loire-Atlantique (délégation du pays dʼAncenis et service Culture) / co-construite avec les partenaires culturels et sociaux du territoire / soutenu par la communauté de communes du pays dʼAncenis(Compa) / mise en œuvre par Musique et Danse en Loire-Atlantique (agence culturelle du Département).

Objectifs de la formation
• favoriser lʼinterconnaissance entre acteurs sociaux et acteurs culturels dʼun même territoire afin de créer une culture professionnelle commune ;
• encourager le développement de projets artistiques et culturels pour et avec les habitants les plus éloignés de la culture ;
•pour les acteurs sociaux, enrichir et diversifier leur pratique professionnelle en investissant la culture comme outil dʼaccompagnement ;
• pour les acteurs culturels, aborder la question des publics sous un autre aspect.

Compétences attendues
À partir dʼapports théoriques et de mise en pratique artistique :
• être plus à lʼaise dans lʼaccompagnement et le développement dʼinitiatives artistiques destinées à un public accompagné socialement ;
• se familiariser avec la démarche de médiation culturelle et son articulation avec la médiation sociale afin de mieux se positionner, que lʼon soit acteur social, acteur culturel ou bien artiste ;
• mieux appréhender les enjeux liés à la sortie culturelle ;
• co-construire et mettre en œuvre avec les acteurs de la formation une action culturelle opérationnelle à destination des publics accompagnés socialement.

Profil des participants
• agents des collectivités territoriales du secteur social et du secteur culturel ;
• acteurs sociaux et culturels associatifs (bénévoles et salariés) et agents; dʼétablissements médico-sociaux partenaires des collectivités.

Les membres du comité de pilotage
Pascale Bouju, chargée Théâtre et Littérature, Direction Culture, Département de Loire-Atlantique ;
Elisabeth Le Pape, Pôle Vivre avec les artistes / responsable danse à Musique et Danse en Loire-Atlantique ;
Jenny De Almeida, responsable du Pôle Sʼépanouir avec la musique et la danse, à Musique et Danse en Loire-Atlantique ;
Mireille Migné, agente de développement culturel, délégation d’Ancenis, Département de Loire-Atlantique ;
Fabienne Cosset, responsable du service culturel Communauté de communes du Pays d’Ancenis (Compa) ;
Avec la précieuse collaboration des théâtres du territoire : Quartier Libre d’Ancenis, Le Préambule à Ligné, l’Espace culturel Paul-Guimard à Vallons de l’Erdre.

Les intervenants de la formation
Intervenant fil rouge de la formation : Joël Kérouanton ;
Pour Pʼtits spectateurs & Compagnie : Manon Pasquier ;
Pour la compagnie NGC 25 : Nathalie Licastro et Julie Cloarec-Michaud ;
Intervention sur le vieillissement et introduction sur lʼintergénération : Sophie Conrath (médecin), et Anne Granger (responsable de l’unité PAPH - personnes âgées et personnes handicapées) ;
Intervention sur les spécificités du public adolescent : Pierre Poitou (psychologue - Maison départementale de lʼenfance).

Des équipes artistiques partenaires
• Homo Natura avec Vincent Livenais, musicien et directeur de production (Adjololo system), et avec Chloé Coutereel, percusionniste ;
Gamin du chanteur Lalo - spectacle programmé dans le cadre du festival “Ce soir je sors mes parents” ;
Mouton noir de la compagnie Piment, langue dʼoiseau ;
Le Syndrome de Pénélope de la compagnie NGC 25.