Bio-passion-préoccupation

© Émeline Séchet.


Vingt-trois femmes (sur vingt-trois stagiaires) qui ont une certaine idée de lʼaction collective (« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ») et savent courir très pragmatiquement après des objectifs (« Qui nʼa pas de tête a des jambes »). Ce qui nʼempêche pas dʼavoir un peu dʼhumour sur soi-même (« Demain jʼarrête de procrastiner »). Un public de professionnelles aux passions hybrides et volcaniques, parfois tristes (May B, Juste la fin du monde, Rémi sans famille, Le Grand Meaulne) parfois enjouées (Certains lʼaiment chaud, Nos jours heureux, Tout ce qui brille, LʼAuberge espagnole). Les comédies musicales portent beaucoup lʼénergie de lʼaction, il y a même un top 4 qui circule dans le groupe (Les Demoiselles de Rochefort, Chantons sous la pluie, La La Land, Annette). Et quand ces stagiaires nʼembrassent pas la chose culturelle, elles trouvent refuge dans la randonnée en montagne, le jardinage, la cuisine gastronomique, la course à pied, la gourmandise, la solitude. Lʼoccasion dʼaérer la pensée en surchauffe, ça cogite du matin au soir et du soir au matin, certaines préoccupations professionnelles sont redoutables (« De quelle manière emmener un peu de culture au sein du lieu de vie où jʼexerce et accompagner les résidents dans une dynamique culturelle alors que je suis novice et peu connaisseuse de lʼaction culturelle mais persuadée du bienfait de lʼouverture ? »), et les utopies pas en reste : « Donner envie dʼavoir envie », « Ouvrir le champ des possibles », « Sʼautoriser la découverte de ce quʼon ne connaît pas », « Lʼémancipation ». On ne saura pas, dans notre inventaire biographique, de quelle émancipation il est question. On imagine une émancipation réciproque, autant des personnes accompagnées que des accompagnantes, faut bien quʼelle soit grande et belle et concrète, cette utopie. Enfin bon, ces vingt-trois femmes nʼont évidemment pas tout dit : leur champ des possibles est infini.