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Musique et Danse en Loire-Atlantique | Pays de Retz

FORMATION-ACTION CULTURE/SOCIAL

Pays de Retz, 2019

Culture, Social : tout les distingue : les travailleurs sociaux accompagnent les habitant.e.s pour trouver des solutions à leurs difficultés de vivre — le fameux pouvoir d’agir. Les artistes proposent des œuvres qui n’ont pas, a priori, vocation à résoudre ces difficultés — le fameux parti pris esthétique. Les uns cherchent à changer le monde (par la relation), les autres cherchent à le dire (par une forme). Réunir ces deux modalités d’action semble être une gageure tant l’une est opaque pour l’autre. Former à une démarche artistique inclusive n’est-il pas illusoire ?

C’est peut-être la volonté de sortir des ornières, de se risquer à la pensée à contre-courant, de formuler des questions impolies qui a contribué à l’aboutissement de cette formation première formule en Loire-Atlantique. Nous avons pu, ainsi, entendre une stagiaire s’interroger à propos de l’accès à la culture, demandant à l’assemblée si on ne devrait pas laisser les gens tranquilles. Est-ce utile de les amener aux spectacles, a renchéri un autre, appuyé par son collègue qui s’est demandé, le plus sérieusement du monde, pourquoi n’amène-t-on pas les habitant.e.s au foot. Nous n’avons pas idée des questions sociétales qui font suite à un match de foot vu ensemble, a-t-il argumenté.

DEUX MONDES
Rien ne va de soi dans la socialeculture (ou la culturesociale), tout y est sensible. Parfois explosif :
-> les pros du social sont parfois décontenancés face à des œuvres dont ils ne possèdent pas toujours les codes, alors pourquoi se risquer à découvrir ces œuvres en présence des habitant.e.s, en troquant alors leur image d’expert contre celle de maître ignorant.
-> les pros de la culture ont un travail de légitimité à réaliser pour eux-mêmes, doivent le plus souvent se rendre dans des territoires esthétiques plus ou moins inconnus, y aller souvent par instinct — la connaissance se fabriquant en chemin. Une attitude parfois dangereuse : dans les jeux de pouvoir, la référence peut être maniée pour exclure.

ASYMÉTRIE
Une certaine empathie s’impose pour réduire l’asymétrie entre un champ culturel à forte reconnaissance symbolique, et un champ social mésestimé, sujet le plus souvent à ingratitude. C’est à une nouvelle géométrie que ces deux champs doivent travailler, dira l’une des responsables de cette formation. Ajuster nos points de rapprochement, pour comprendre le point de vue de l’autre, d’où il parle, complètera-t-elle. Les professionnels de la culture accepteraient-ils de reconnaître les savoirs à l’œuvre chez le spectateur quel qu’il soit — de laisser émerger et de partager la belle parole profane comme l’a tenté cette formation autour du spectacle Ce qui m’est dû ? De leur côté, les travailleurs sociaux s’immergeraient-ils dans des œuvres en présence d’habitant.e.s, quitte à les découvrir ensemble — comme l’a tenté cette formation autour de l’Arbre à danser avec la Cie Système B, et de h o m avec le groupe fluo ?

STRATÉGIES
Les actions collectives initiées par les pros du social (porteurs de devoir) pour inviter les habitant.e.s (porteurs de droit) à pratiquer un art ne vont pas de soi. Comment je vais associer ma responsable directe dans l’action, s’est longuement interrogée une stagiaire. Et puis, cela ne nous dégage pas de l’accompagnement individuel, complètera l’un d’eux à l’occasion d’un bilan sous forme de récit d’expérience. Le récit comme entrée dans l’analyse et la projection : « J’ai souvent l’impression de projets culturels qui vont “vers” les travailleurs sociaux et ceux-ci doivent s’outiller pour amener le public vers ces propositions culturelles, et moi je me suis dit : “À quand une écoute des envies des travailleurs sociaux et des habitant.e.s pour imaginer ensemble un projet artistique ?” ». L’altérité, si chère aux travailleurs sociaux dans leur quotidien professionnel — rencontrer l’étranger est l’essence de leur geste — devient problème lorsqu’il s’agit de rencontrer un objet esthétique inconnu.

RÉCIPROCITÉ
C’est une véritable réciprocité transformatrice que les champs de la culture et du social sont amenés à mettre en œuvre, en commençant par associer les acteurs.trices de terrain, les habitant.e.s et les responsables institutionnel.e.s, dans un même mouvement et lors d’expériences de cocréation — comme par exemple à Machecoul-Saint-Même lors de la critique collaborative du spectacle Ce qui m’est dû. Une utopie d’avenir à inventer dans l’anodin du quotidien pour ces professionnel.le.s du social et de la culture, qui ont éprouvé, grâce aux habitants, le passage de l’état de Spectateurs-consommateur à l’état de Spectateurs-consomm’acteur.

Pour Le Dico du spectateur,
Joël Kérouanton

Le mini-dico du spectateur: Musique et Danse en Loire-Atlantique | Pays de Retz

  • C
  • Cerveau-sur-off

    N’a pas besoin de comprendre textuellement les œuvres. Les reçoit émotionnellement. Aime laisser son co…

  • Consomm'acteur

    Le spectateur est condamné à agir : la consommation d’un spectacle est déjà un acte. Le plus indifférent des sp…

  • Consommateur

    Connait déjà les spectacles qu’il souhaite rencontrer : les logiciels de recommandation — les fameux algor…

  • Consommateur (bis)

    gui-dico-28.png
  • Consommateur (ter)

    Évalue un spectacle comme une prestation : tout lui est dû. Ne mettra pas en mouvement son intériorité. Gar…

  • M
  • Mauvais

    Critique sans concession ce qu’il a vu. Par un pur hasard, prendra un verre dans la brasserie…

Contexte & crédits

Une formation proposée par : Département de Loire-Atlantique (délégation du pays de Retz et service culture) / Musique et Danse en Loire-Atlantique / Théâtre de l’Espace de Retz de Machecoul-Saint-Même / Collectif Spectacles en Retz.
Avec le soutien de la Communauté de Communes Sud Retz Atlantique, de la ville de Machecoul-Saint-Même et de la ville de Saint-Hilaire-de-Chaléons


Les membres du comité de pilotage :
Magaly Tavenon, chargée de développement, éducation culture, Délégation du pays de Retz, service développement local, Département de Loire-Atlantique
Sylvie Goujon, chargée de développement, vie locale jeunesse citoyenneté, Département de Loire-Atlantique, Délégation du pays de Retz, service développement local
Cécile Aupiais, Chargée de mission, coordination Projet culturel de territoire, Communauté des communes Sud Retz Atlantique
Claire Madiot, directrice du théâtre de l’Espace de Retz à Machecoul-Saint-Même
Alain Guilbaud, Directeur du collectif Spectacles en Retz
Pascale Bouju, Chargée Théâtre et Littérature, Direction Culture, Département de Loire-Atlantique
Elisabeth Le Pape, Responsable de la danse à Musique et Danse en Loire-Atlantique


Les intervenants de la formation :
Intervenant référent de la formation : Joël Kerouanton
Pour P’tits spectateurs & Compagnie : Manon Pasquier
Pour le groupe Fluo : Benoit Canteteau
Pour l’association système B : Jean-Marie Nivaigne / Gwénaël Quiviger / Rosine Mercier


Autres œuvres supports aux actions de formation :
L’Arbre à Danser de l’Association Système B
h o m de Benoit Canteteau

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