Climax Climax Climax Climax Climax



Et il y a eu ce moment clé.
À Nantes-Chantenay.
C’était un vendredi.
Le 27 du mois de janvier.
Il était 12 heures.
Au Dix.

À gauche, les stagiaires.
Au centre, les formatrices.
À droite, Laurent Cebe.

L’évènement est lointain.
Reste le souvenir d’une belle tension.
Une tension formatrice — comme on dit.
L’impression d’être au cœur de « l’affaire ».

L’affaire ? Quid du rôle de l’artiste et quid du rôle des travailleurs et travailleuses sociales quand il s’agit d’imaginer un projet sur mesure, par la mise en place de l’atelier MOCHE, pour des familles.
On appelle ça « construire un parcours culturel adapté à son public et à une programmation artistique ».

Le premier réflexe des stagiaires, en présence de l’artiste, est de solliciter l’artiste — puisqu’il est là, il doit bien avoir quelques clés pour préparer le public à entrer dans son propre travail, après tout c’est lui qui le connaît le mieux.
Le premier réflexe de l’artiste, en présence des stagiaires, est de répondre à la sollicitation des stagiaires — puisqu’ils sont là pour apprendre, aidons-les.
L’artiste, après une matinée à artistiser avec les stagiaires, n’avait plus le jus nécessaire.
Les stagiaires, après une matinée à artistiser avec l’artiste, n’avaient plus le jus nécessaire.

Alors c’est l’artiste qui s’y colla. Il était payé pour, tout le monde a dû se dire — même lui, il a dû le penser très fort.
Il commença à imaginer comment les familles accompagnées pouvaient entrer dans son atelier. Il commença à imaginer des façons de faire pour des gens qu’il ne connaissait pas, en présence de stagiaires qui connaissaient le contenu de l’atelier pour l’avoir pratiqué le matin, et qui connaissaient, pour certains et certaines, les gens.

Cahin-caha, les stagiaires se reposaient sur l’artiste, trop contents et contentes d’être en présence de quelqu’un qui cherche, et qui va trouver, c’est son métier, de trouver comment être avec le public. Avec son art à lui.

Ben non (non et non).
En premier lieu son métier est d’artistiser (non de médiatiser). Enfin, c’était pas prévu du tout que le chorégraphe médiatise. Pas prévu dans le cahier des charges. Les artistes sont parfois très mal placés pour parler de ce qu’ils font, Laurent Cebe ne va pas leur dire, « Bonjour, je travaille sur le process d’individuation et d’irremplaçabilité … ». Les travailleurs et les travailleuses sociales connaissent les gens et pourront traduire les éléments de l’atelier en élément de langage accessible, des mots, des visuels…

Aussi, à 12 heures, ce vendredi fin janvier, au Dix, place à l’imagination des stagiaires (et à leur côté fou fou) ! À eux et à elles d’imaginer (ils et elles ont du bagage), à eux et à elles de s’associer en complémentarité à une professionnelle de la médiation (présente toute la semaine), à eux et à elles de donner envie aux gens (à partir de leurs propres envies) et peut-être ainsi mobiliser (à partir de leurs belles énergies) quelques familles pour se déplacer un samedi avec leurs enfants assister à MOCHE. Quelles pourraient être les conditions de réussite pour intégrer cet atelier dans une démarche d’accompagnement social ?



La première version de Climax Climax Climax Climax Climax a été proposée en lecture-rature-commentaire aux stagiaires de la formation-action. Extrait d’un commentaire, écrit le 29 juin à 12 h 35, à l’occasion du bilan de la formation, à la mairie de Nantes-Chantenay.
« Les stagiaires et les artistes utilisent les mêmes mots mais pas toujours le même sens. Les unes et les autres ont envie de travailler ensemble mais ignorent parfois comment. Les uns et les autres ont besoin de “parler” beaucoup pour se comprendre. Les unes et les autres possèdent du savoir sur l’autre, une “connaissance mutuelle”. Ce moment est beau, au sens où il permit à chacun de passer du mode “on s’observe et on se jauge” en mode “découverte commune”. Et c’est lors de cette mise en commun que l’on a commencé à construire ensemble. »