Témoignage d’un témoignage
RÉCIT D’UNE RENCONTRE CLÉ
Salle polyvalente, La Regrippière, 4 septembre 2024
Le récit des actions culturelles impulsées par l’espace départemental des solidarités (EDS) de Nantes-Chantenay (1) a marqué les stagiaires. Oui, l’action artistique et culturelle dans le champ social est possible. Retour sur cette rencontre majeure.
Ce qui m’a marqué dans leur témoignage ?
I·Elles ont littéralement « injecté » la culture dans leur pratique professionnelle.
Un effet immédiat.
Une sortie de la position ascendante.
Quelque chose de plus direct.
Une autre relation avec les personnes accompagnées.
S’autoriser eux-mêmes.
En tant que travailleur·euses sociauxales.
Des choses qu’i·elles ne s’autorisaient pas jusqu’ici.
Ni si coûteux.
Ni si compliqué.
Des actions culturelles impulsées à partir des ressources locales, des ressources de proximité, on pourrait même dire : de quartier. Des ressources rencontrées pendant la formation-action culture et lien social, qui devient bon an mal an « pépinière culturelle ». Et se poursuit par la suite tout naturellement.
Une visite au musée Dobrée.
Un partenariat avec l’école des beaux-arts.
La création d’un meuble dédié à l’exposition de livres, placé dans les couloirs du service social.
Ça réenchante leur pratique professionnelle, ça réenchante les familles accueillies.
PRENDRE LE TEMPS DANS UN CONTEXTE D’URGENCE SOCIALE ?
Le temps, c’était un grand a priori de départ. I·Elles se sont beaucoup interrogé·es : allaient-i·elles trouver le temps pour la menée de ces projets créatifs et culturels tandis qu’i·elles étaient empêtré·es au quotidien dans l’urgence sociale ?
Ça prend du temps… et ça fait partie du job, ont-i·elles dit. C’étaient des nouvelles missions et il fallait toujours décrocher le téléphone en disant : « Vous vous rappellez la semaine prochaine, on va ensemble au musée Dobrée ? » Un travail de mise en lien permanent, propre au projet, mais qui n’ajoutait pas du temps supplémentaire : cela apportait un nouveau regard sur les personnes accompagnées, un pas de côté qui permettait d’observer des choses impossibles à observer en simple rendez-vous dans un bureau.
En situation administrative, le parent va parler dans l’absolu et affirmer qu’il est un « super parent », qu’il y a « zéro problème », tandis qu’en situation culturelle, le parent et l’enfant vont être dans un échange continu avec la·e travailleur·euse social·e : vont s’observer des micro-situations sur lesquels il sera possible de travailler, comme la parentalité, et ce travail devient dès lors plus fluide.
L’expérience montre que : c’est un gagne-temps sur le plan relationnel avec les personnes accompagnées. .
L’expérience montre que : prendre du temps par le détour de l’imaginaire permet de gagner du temps dans l’aide à l’insertion sociale et professionnelle des personnes vulnérables.
L’expérience montre que : la culture dans le champ social remet la personne : au centre.
On peut dire que tout ça apporte : une qualité et une confiance relationnelle.
On peut dire que tout ça apporte : une ouverture vers l’extérieur.
On peut dire que tout ça apporte : davantage de dialogue.
DE LA CULTURE-SUPPORT À LA CULTURE-PRÉVENTION
Au début de leur expérience,
la culture était un peu
un prétexte / un support / un étai
autour de la parentalité.
Cette « culture-support » évolue maintenant vers : une « culture-prévention » : les fondamentaux du travail social.
Échanger avec les enfants et parents,
les observer faire,
les amener à l’extérieur.
La situation culturelle produit du temps d’observation à propos des façons d’être enfant et d’être parent. Des observations-leviers pour mieux agir.
Pour résumer : le détour culturel ouvre à une autre réciprocité de regards entre accompagnant·es et accompagné·es.
Pour résumer le résumé : le détour culturel ouvre la possibilité d’agir.
ET LES EFFETS ?
Cette matinée de témoignage, c’était le premier moment de formation où j’ai senti que l’on se rencontrait — je veux dire : où le travail social rencontrait le culturel. Avant c’était le culturel qui parlait, et le social ? C’était quoi le social ?
Cette rencontre-témoignage n’a pas pu aller aussi loin que j’espérais : quelles sont leurs envies ? Qu’ont-i·elles à dire à propos de l’évaluation de leur projet ? Toutes les approches collectives apportent une évolution de la relation avec les bénéficiares, mais l’approche culturelle apporte vraiment quoi de particulier ? Quels bénéfices retirer en dehors de l’évolution du relationnel avec les usagers ? Quid des effets de l’action culturelle au niveau des usagers… au niveau de chacun·e des travailleur·euses sociauxales… au niveau de l’organisation du service ?
Au final, j’avais l’impression que notre formation était totalement perchée, et là je me suis dit « Ah ! C’est possible ! » Parce que je ne vois pas ce que je peux faire de ce qu’on nous apporte dans cette formation, je ne suis pas très perméable à tout ça. Là, voir que des collègues exerçant en EDS ont réussi à mener des actions culturelles avec des idées simples, et qu’i·elles recommencent, et qu’i·elles ne font pas qu’une action mais plusieurs, voire une saison culturelle, je me suis dit : « On peut faire des choses. » Ça me parlait. C’était un témoignage précieux.