Le récit gustatif de la semaine

(par PascalE Fraslin-Echevin)


Déguster sur place des gourmandises bien de chez nous mais curieusement assaisonnées par l’inventive Sarah Garcin et pouvoir mettre des mots justes sur le bon goût de ce que l’on mange, voilà une expérience supplémentaire dont nous ne nous priverons pas.
Étendues de tout notre long sur le sable de la première oasis nazairienne éphémère de l’histoire, livre en main et lunettes sur le nez, nous profiterons avec gourmandise des premiers rayons (de bouquins) de la belle saison.

Scénographié et relooké par l’Atelier G.U.I. et l’Agence Inventive, le GARAGE offrira de multiples petits îlots de fraîcheurs d’esprit, propices aux échanges affectueux et constructifs.
Studio mobile et indiscret, le petit véhicule radiophonique de La Tribu écumera la ville pour glaner quelques pépites d’habitantes à propos de leur perception personnelle de la culture. On en fera bon usage.

Publics d’un jour ou de toujours produiront ici des langages, partageront des émotions et des réflexions, tantôt écrites, tantôt déclamées, parfois murmurées ou gesticulées.
Émotions et réflexions qui s’exprimeront et s’enrichiront en toute simplicité et humanité, entre nous, citoyennes d’une même communauté d’habitantes attentives à nos semblables.
Ces bientôt fameuses « autres REAC nazairiennes nouvelle génération » (Recherches En Actions Culturelles) se revendiquent curieuses, drôles, étonnantes et instructives.
Toutes ces aventures insolites seront gratuites, accessibles à tous les publics dès 7 ans, en accès parfois limité mais toujours merveilleusement orchestrées par les bénévoles de l’aventure et de l’association Des Voix au Chapitre – Atelier Écrire dans la ville, aimablement rassemblées autour par la délicieuse L’Embarcadère.

Il nous sera alors enfin possible d’entrevoir ce qui se joue au contact de l’art, s’exprime et se ressent dans les corps et les cerveaux de nos petites sœurs humaines.
C’est Confidentiel, troublante performance dansée « à vivre et commentée simultanément», donnera l’occasion à la chorégraphe Léa Rault - association Pilot Fishes de partager avec nous en temps réel nos intimités de spectatrices.
Expression qu’on aura pourtant parfois du mal à maîtriser lorsque les sentiments seront trop forts et les mots approximatifs.
Si nous disons en revanche « va voir cette œuvre, on va en parler », c’est alors l’artiste qui mettra en scène ce que nous n’osons ou ne savons pas dire et cette distance affective libérera notre parole.

Mettre à jour en le féminisant, l’énorme ledicoduspectateur.net qui aura inspiré toute cette aventure n’est pas chose simple tant il est copieux et détaillé.
Académiciennes d’un jour, nous porterons collectivement la plume dans la plaie de l’écriture inclusive et unirons nos forces pour dégenrer ce pensum, authentique encyclopédie de la spectateurice. Mélanie Tanous, lectrice-correctrice pour La Déferlante – revue post-#metoo consacrée aux féminismes et aux genres – nous aura opportunément préparé le terrain.

Claudine Bonhommeau et Loïc Auffret, artistes emblématiques du Théâtre de l’Ultime nous gratifieront avec quelques lectrices d’appoint, d’une sélection de pages les plus touchantes et pertinentes qu’il nous ait été donné d’entendre dans la bouche de spectatrices de tous âges et de toutes conditions à la sortie de salles obscures.
Il en aura fallu à l’infatigable JoëlLE Kérouanton des années de collecte minutieuse et de réécriture (plus ou moins) fidèle de tous ces états d’âme avisés et merveilleux, pour que nous puissions aujourd’hui nous en régaler à petites doses et en petit comité !

Pierrette Bourdieu, Jacqueline Rancière, Brune Latour, Estelle Zhong-Megual, Antonia Gramsci„ sûrement planqués sous les établis des ateliers ou à la buvette du GARAGE, nous accompagneront joyeusement dans nos tribulations.
Écrire, taquiner et inspirer à plusieurs notre propre MUSE (Manifeste Universel des Spectatrices Émancipées), bien tourné aux antipodes d’un discours formaté, conforme à nos aspirations sincères d’habitantes, se révélera un jeu d’enfants à celles d’entre nous qui auront su conserver le mauvais esprit taquin et salutaire qui sied aux vilaines filles.

Expérience immersive pour terminer l’aventure : Sous la houlette de Vanessa Leprince & de sa Cellule Chorégraphique, on se trémoussera sans retenue la nuit venue dans l’arrière-boutique du GARAGE.
Se donner rendez-vous un samedi de Pentecôte et se lâcher complètement pour finir LA SEMAINE jusqu’à pas d’heure aux sons hypnotiques du DJ de ses dames, voilà qui n’est pas banal ; d’autant qu’on s’éclatera dans l’unique but de vérifier ce que le clubbing et la danse font à l’écriture, et surtout à nos corps fatigués DE SPECTATRICES enfin ÉMANCIPÉES.