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Val d'Oise — saison 1

INVENTER UN LANGAGE COMMUN

Département du Val d’Oise, 2015

Les arts du spectacle ? Nous leur mettrons le compteur à zéro. Nous simulerons une rencontre entre spectateurs et artistes, autour d’un spectacle qui n’a pas eu lieu. 

Comme si, avec cet événement dans le hall de l’Espace Germinal à Fosses, l’histoire des arts du spectacle commençait par nous, pour nous et avec nous.

« Nous », c’est l’auteur de ces effluves associé aux animateurs socio-culturels de l’Est Val d’Oise (95, France), des animateurs socio-culs, comme on dit, dont quelques-uns vivraient leur état de spectateur entre le zist et le zest, ou seraient déformés professionnellement.

Avons-nous poussé le bouchon un peu trop loin en produisant un article critique (Masque & Tuba) d’un spectacle qui n’a pas eu lieu ? Nous pensons que non : tous les moyens sont bons pour ne pas finir en mue de serpent.

Ne nous y trompons pas : un groupe d’animateurs en formation c’est d’abord l’addition d’histoires de vies singulières. De cultures singulières. De visions singulières. Nous ne sommes pas des clones, sommes favorables à la rhétorique soliste, seule façon de composer quand douze personnes n’ont pas ou peu d’histoires en commun. Aussi, pour entendre la singularité de nos chants d’oiseaux, nous chanterons nos chansons préférées, écouterons nos radios préférées, lirons à voix haute nos livres préférés. Un préalable avant la mise au travail du spectateur. 

Un échauffement avant de nous poser sérieusement la question : quel effet ça fait d’être un spectateur ? A priori on n’en sait rien. Pas plus que de savoir quel effet ça fait d’être une chauve-souris.

Nous n’en savons rien mais nous tenterons d’inventer collectivement un langage commun. Un peu comme les œnologues inventent un langage pour nommer le parfum des vins. Bien évidemment on ne trouvera pas immédiatement les mots pour le dire, mais au moins y aura-t-il partage d’une expérience sensorielle, notamment sur un éditeur collaboratif de texte en ligne (un « pad »). Tout ça en position semi allongée, sur des fauteuils faisant la part belle au corps et positionnés pour l’écoute flottante. Un minimum pour penser et écrire les états de spectateur endormi, trop curieux, cul-de-plomb, désaccoudé ou de l’autre-corps.

Quant à savoir si définir un langage commun n’est pas simple bavardage ou si se poser cette question joue un véritable rôle dans la réception future des spectacles, il y a évidemment débat. Débat que des transmetteurs tenteront de transmettre. Si du moins l’idée même de transmission a un quelconque devenir. À l’instar de la culture (le tombeau de l’art). Ou d’un ordinateur qui chutera d’un pupitre à l’occasion d’une lecture à voix haute de notre Dico du spectateur Val d’Oisien. À propos de cet incident, un des animateurs écrira : « La culture m’a tué ».

Pour Le Dico du spectateur,
Joël Kérouanton
Juin 2015

Le mini-dico du·de la spectateur·ice : Val d'Oise — saison 1

  • B
  • Blasé·e (mais accro)

    Faisait partie des accros du cirque, des vicié·es du théâtre et des en manque-de-danse. Était prêt·e à hurler à la mo…

  • C
  • Cul-de-plomb

    Vivrait bien 24h/24h dans le Théâtre. Les acteur·ices sur scène et el·lui au balcon. El·leux qui jouent et el·lu…

  • D
  • De-l'autre-corps

    Se demande si l’identité du·de la performeur·e n’est pas un mythe. S’i·el n’est pas atteint de dissociation corporelle.…

  • Déformé·e-professionnellement

    deforme-professionnellement.png
  • Désaccoudé·e

    Lever le coude est la meilleure façon de ne pas baisser les bras. C’est ainsi que le·a s…

  • E
  • Endormi·e

    Endormi est une image. Comme « T’es merguez » est l’image de « J’t’ai gr…

  • Entre-le-zist-et-le-zest

    Applaudir ou rester de marbre ? Écouter ce qui se joue dans sa tête ou ce qui se joue sur scène ? Pe…

  • R
  • Regardant·e-regardé·e

    regardant-regarde.png
  • T
  • Transmetteur·euse

    A eu la chance de vivre dans un environnement familial ouvert, a pu découvrir de nouveaux horizons, sortir du …

  • Trop-curieux·se

    Parfois se dit qu’i·elle voudrait mourir par curiosité. Une curiosité excessive, un peu maladive, ju…

Contexte & crédits

Un Contrat local d’éducation artistique de l’est du Val d’Oise a été signé par le Ministère de la culture - DRAC Ile-de-France, la Direction départementale des services de l’Education nationale du Val d’Oise, le Conseil départemental du Val d’Oise et huit villes de l’est du Val d’Oise, Arnouville, Fosses, Garges-lès-Gonesse, Gonesse, Goussainville, Marly-la-Ville, Sarcelles et Villiers-le-Bel, qui a pour objectif la généralisation de l’éducation artistique sur le territoire des huit villes.

D’autre part, une convention de collaboration publique entre le Conseil départemental du Val d’Oise et le CNFPT Grande-Couronne a pour objet un plan de formation annuel à l’intention des personnels techniciens et relais de la culture sur le Val d’Oise. Dans ce cadre, une « sensibilisation à l’éducation artistique dans les domaines du cirque, de la danse et du théâtre » propose un module spécifique animé par Joël Kerouanton autour de l’« Accompagnement à l’analyse critique des animateurs avec leurs publics. Exemple de mise en œuvre de l’analyse critique : travailler autour de « être spectateur ».

En parallèle de cette intervention, le Conseil départemental du Val d’Oise a fait une commande d’écriture pour la réalisation d’un « Addenda au dico du spectateur » correspondant au recueil, retranscription et réécriture des dits et écrits des participants en formation entre janvier et juin 2015. Cette commande d’écriture associées à des temps de formation auprès des animateurs socio-culturels avait pour objectif d’affirmer leurs propres positions de spectateurs, de mieux comprendre les enjeux autour d’une production artistique encourageant l’initiative de partenariats avec des artistes et/ou des structures culturelles, et enfin de faciliter la mise en place d’analyse de spectacles avec leurs publics.

Ensemble des expériences de spectateurs dans le département du Val d’Oise visibles ici.