Obsolète

Cet article est le récit d’une soirée « Critique du spectateur » menée avec le théâtre ONYX et Les Collectors, autour du spectacle Obsolète.


Théâtre ONYX, 15 novembre 2021.

Prêts à refaire le monde ? Ils et elles sont réunies pour agir !
Proches des mouvements d’éducation populaire, mix des « Nuits debout » et d’ATTAC, ils et elles veulent éveiller les consciences, pousser le peuple à entrer en action… Et le peuple c’est vous. Mais ils et elles sont pleines de fragilités, d’espoirs et de maladresses. Faire quelque chose mais quoi ? Comment ? La parole est libre, si tout le monde s’y met, personne ne se fatigue… Et c’est parti pour la réunion et réfléchir ensemble, tous ensemble, contre l’obsolescence des objets et des êtres.
PRÉSENTATION D’OBSOLÈTE PAR ONYX



Liste des personnages (très personnages)
< Une baronne.
< Un bandit.
< Un policier.
< Des footballeurs.
< Des colibris.
< Des éléphants.


Liste non exhaustive des situations (qui riment)
< Des coups de feu, chaud chaud, qui donnent froid froid dans le dos.
< L’intervention de la police qui crisse.
< Du blablacar pour Colmar.
< Une mention pour le comique de répétition.
< Des réunions de rires fins pour rien à la toute fin.


Liste très exhaustive des situations (qui ne riment pas)
< Une assemblée où chacun gueule plus fort que l’autre pour se faire entendre.
< « Un théâtre nécessaire », mais aussi un « théâtre de la dérision », qui permet de prendre du recul, de décontextualiser, d’aborder des sujets graves collectivement, tout en riant de nous-mêmes.
< Un spectacle profondément humain, qui représente un débat que l’on aurait pu trouver sur les ronds-points des Gilets jaunes. Des gens ensemble qui ne pensent pas pareil, voilà ce que c’est, ce spectacle.
< Le public quitte l’assemblée par le choc, avec ce fameux coup de feu donnant des coups d’émotion ouvrant la fin du spectacle et la présence du policier à l’entrée de la salle : une fin brutale était nécessaire pour créer du reflux dans le public. Sinon on y passait la nuit.
< Le plus chaud dans ce concept d’impro-écrit, où les artistes s’en sortent avec la complicité du public doit être de gérer, dans le cadre de festivals de rue, la présence de mecs bourrés.
< Ce spectacle ? Une filiation avec le théâtre comme déclencheur de parole.


Liste des arts pratiqués dans le spectacle (chercher l’intrus)
< De la chanson engagée désengageante.
< De la danse contemporaine.
< L’art des bières fraîches.
< Du théâtre mais pas que.


Liste de formulations (très très) enthousiastes
< Spectacle original, inclusif, très comique.
< Évocations de sujets graves, mais de manière pas très sérieuse.
< Le concept de réunion sous la forme de spectacle : une réussite (à vous faire aimer les réunions).
< Ça aurait pu durer une heure de plus.
< Génial, drôle, fin : ça fait vraiment réfléchir.
< Un jeu très sincère, vraiment. Ça fait du bien.
< Super expressif. Plutôt varié. Chaque personnage est très différent. Ça fonctionne.
< Amusant et humoristique : ça parle à tout le monde (enfin ça m’a beaucoup parlé).
< Par moments on rigole, et on se dit : « Sur quoi on est en train de rire ! Quand même ! »
< Beaucoup de vérité, de rire, d’émotion, de sensibilisé, de prises de conscience.
< Obsolète a le mérite de rendre le public heureux.



Liste (longue) de compliments à l’adresse des artistes (qui ont beaucoup de chance, quand même).
< C’est incroyable que, peu importe ce que le public dit, les artistes parviennent à garder le fil conducteur, à rester sur leur texte, sur leur spectacle.
< Chaque acteur avait son personnage, sa façon de parler, ses tics. Et tout d’un coup un truc sérieux devenait un truc assez drôle, par une réflexion qui faisait mouche.
< Les artistes ont conçu des tribunes à la bonne hauteur, qui permettent au public d’être bien inclus dans le jeu, et une bonne proximité et connexion avec les artistes : tout le monde est proche et fait partie de l’assemblée.
< Les mots des dialogues sont assez marrants, provocants, rigolos, interactifs, d’actualité. J’ai adoré la façon dont les artistes-performeurs prononcent le texte.
< J’étais mal à l’aise, je me suis dit : « Merde, ils n’ont rien préparé ! » Une collègue m’a dit : « Tais-toi ! » À un moment donné, j’ai pris une grosse claque, avec la dynamique interactive, tu rentres dedans — ça fait tilt.
< En fonction de ce que les gens disent, il y a toujours quelque chose de prévu en réponse, mais avec finesse et intelligence. Les artistes savent « reprendre la main ».
< On n’a pas l’habitude d’être en présence d’artistes ayant autant de liberté : c’est surprenant.
< Il y a de tout, dans ce spectacle, des idées un peu étranges, qui ont leur force et leur nécessité. L’actrice blonde est-elle vraiment blonde, et son jeu, si vraisemblable et naturel, est-il si naturel ?
< J’étais triste quand ça s’est arrêté d’un coup, non non faut pas nous faire ça ! Que les artistes restent avec nous ! Sentiment d’être un spectateur abandonné.
< C’est quand même une super impro très calculée, très écrite ; du coup, est-ce que c’est une impro ?


Liste d’avis politiques et critiques (et interrogatifs)
< Le droit à la parole, le droit de s’indigner, le droit de résister. Le droit d’être obsolète ?
< Le spectacle n’avait pas un vrai message politique, même si les acteurs, interprétant les conducteurs de la réunion, pouvaient être de gauche. Bon, les conducteurs de la réunion peuvent être aussi de droite. Ce n’est pas un truc de droite ou de gauche. C’est pour cela que j’ai peu goûté cette équation riche = mauvais.
< À l’image de la cartouche à blanc tirée nonchalamment, ce spectacle a quelque chose d’inquiétant, qui cache l’intention comique voulue. La solution proposée n’est pas à la hauteur du démarrage amusant et accueillant.
< Une foule peut-elle être amenée à tuer quelqu’un ? Ils y vont fort, les artistes, avec cette question posée au public.
< Le monde est complexe. On peut parfois enlever les nœuds, mais on n’enlèvera pas les rapports de force. En revanche, on peut adoucir les choses et vivre dans un monde moins hiérarchisé. La solution ? La métaphore du colibri. Chacun peut prendre sa part aux problèmes du monde (mais comment prendre sa part pour sauver les éléphants ?).
< J’étais embourbé dans « est-ce que c’est un bon spectacle ou pas ? » Et à la fin, je me suis rendu compte que c’était un bon spectacle. Les artistes ont fait ce qu’ils voulaient avec nous.
< Ça ressemble beaucoup à une réunion d’associations d’éducation populaire : il y a des gens qui partent en claquant la porte.
< On est loin du théâtre classique ; est-ce du théâtre, d’ailleurs ?


Liste de punch lines (très punch lines)
< Complètement loufoque mais très réel.
< Déjanté sans être déjanté.
< Moi, tout comme les artistes, je me sentais participatif.
< C’est improvisé même si ça ne l’est pas.
< Les artistes donnent, on leur redonne. C’est un rond-point d’amour.


Pour Le Dico du spectateur
Joël Kérouanton,
à partir des paroles recueillies par Les Collectors.

Nota bene : ce texte a été écrit à partir d’un enregistrement sonore post-spectacle en présence des Collectors. L’auteur n’était pas présent, ni au spectacle, ni pendant les échanges.



DISTRIBUTION OBSOLÈTE
MISE EN SCÈNE : OLIVIA DAVID-THOMAS, FABIEN THOMAS
AVEC : CATHERINE FORNAL, MARTINE GIROL, MARTIN LARDÉ, OLIVIA DAVID-THOMAS, FABIEN THOMAS
PRODUCTION : CIE À DEMAIN J’ESPÈRE, CIE GRAVITATION

Crédits photos : Jean-Noël Charpentier (photos de contexte) - Cie À demain j’espère (photo d’en-tête)
Première mise en ligne le 22 mai 2022 et dernière modification le 23 mai 2022