Son analyse perpétuelle n’a d’égale que son sens du détail. Ses deux hémisphères ne voient pas le spectacle de la même façon. L’un profite de la représentation tandis que l’autre interroge le moindre choix du metteur en scène, la moindre intonation, le plus petit ornement.
« Mais… pourquoi ce verre d’eau sur cette table ? »
La·e spectateur·ice n’est plus concentré·e sur la Cerisaie de Tchékov, i·elle cherche le sens caché que la·e metteur·e en scène a voulu donner à ce verre. D’eau.
« Russe, il aurait pu y metre de la vodka. Mais non, c’est un pichet à côté. C’est donc de l’eau.
La dispute sur scène à moins d’intérêt que ce verre brutalement reposé par le comédien. L’eau, furieuse, éclabousse un peu la table.
Etait-ce simplement une question de budget qui a présidé au choix de ce verre ? Un verre de cantine. Comme celui dans lequel on regardait notre âge, enfants.
Tiens, elle vient de claquer la porte.
Ils jouent bien ?
Mais cette porte d’ailleurs, si elle est de cette couleur, c’est peut-être pour une raison ? »
GIGOMAS (Robin), témoignage écrit après le spectacle la Cerisaie, Tchékov, Lev Dodine, MC93, 2004.