Ce n’est pas quand la·e danseur·e danse que ce·tte spectateur·ice est ému·e, mais quand i·elle a fini de danser, quand i·elle est épuisé·e de danser ou quand i·elle vient de dire quelque chose de sa vie en dehors de la danse. La·e Spectateur·ice-De-la-non-danse est ému·e quand la·e danseur·e pense à ce qu’i·elle vient de dire, quand, en fin de compte, i·elle ne fait plus son travail de danseur·e, ne joue plus, n’a plus rien à faire, quand on perçoit sa solitude, sa réalité, quand i·elle arrive à se rendre à el·lui-même et pas à sa fonction sociale de danseur·e.
« (…) Ce que les danseur·es ne voyaient peut-être pas et qui me sautait aux yeux, c’était l’absence de petits gestes transgressifs, des gestes à côté du propos, le contredisant, en jouant. J’avais envie de leur dire, aux danseur·es : ”Ça fait trop sérieux, votre histoire !” Ce que le chorégraphe traduisait à sa façon par un ”Ça fait trop danseur·es, ça !” Comme si danser c’était oublier la danse même, ça sentait la ”non-danse” à trois kilomètres. (…). »
KÉROUANTON (Joël), in « Le Dico du Spectateur », 2017.