Collecte à l'occasion de « Je n'ai pas peur », Cie Tro-Héol

21 JANVIER 2016.

Présentation de L’Archipel : Michele, 8 ans, justicier. « Je n’ai pas peur » est une adaptation du roman drôle, cruel et passionnant de Niccolò Ammaniti avec en son cœur un jeune héros, et narrateur, qui nous plonge dans une histoire aux multiples rebondissements où se mêlent personnages aux forts caractères et sentiments contrastés. Une adaptation qui prend vie avec des marionnettes de cuir très expressives confectionnées par la compagnie. Une pièce qui aborde les notions de justice, de culpabilité et de responsabilité.

« (…)

— J’ai beaucoup aimé.

— Comment ?

— Je disais que j’ai beaucoup aimé. Suis très touché.

— Ouais c’est vrai, c’est assez fort. Moi j’avais lu le roman avant, et c’est dommage, du coup je n’avais pas la surprise. Par contre : la mise en scène… in-cro-ya-ble.

— Un talent fou.

— Ah ouais, vraiment les acteurs sont très bons.

— Et ces changements décors !

— Ouais, y avait un côté chorégraphique.

— Moi ce qui me bluffait c’est la mémoire pour retenir tous les gestes, en plus du texte. Quand ils mettaient les draps, quand ils ramassaient le linge…

— Oui… Dommage qu’il n’y avait pas plus de monde.

DIALOGUE ENTRE DEUX SCRIBES

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« (…) Cette pièce m’a fait vibrer du début à la fin, parce que je trouvais les marionnettes plus vraies que vraies, des êtres de chair dans la recherche de la vérité. Comme ce Michele, petit garçon souvent seul dont les préoccupations n’avaient pas d’écho chez les adultes ni même chez les copains.

Michele, il ne trouvera peut-être pas la vérité, mais il trouvera un trésor et ce trésor c’est un enfant caché dans un soupirail. Un enfant caché et condamné à mort, en fait. Quand il arrive à le voir, cet enfant, Michele pousse un hurlement : un fantôme ? un monstre ? une momie enterrée, là, dans ce trou à rat ? Et c’est quelque chose de tragique parce qu’il a très peur. Il s’en va, revient, s’en va, revient en se disant : « C’est le secret, ce secret il faut absolument que je le connaisse ».

Avec le temps cet enfant-monstre s’apprivoisera, s’avérera un être vivant qui souffre et ne mange pas à sa faim. Michele le nourrira en cachette, découvrira qu’il a un vrai visage, qu’il voit clair, que ses yeux peuvent s’ouvrir et petit à petit il le fait se découvrir à lui-même et c’est tout à fait bouleversant, j’en aurais chialé du début jusqu’à la fin.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (GHUILAINE)

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« (…)

— Mon problème, c’est que j’ai trouvé l’histoire quand même décousue. Je n’ai pas trouvé le fil. 

— Oui, comme le premier garçon qui a mordu le téton de sa mère, il me semblait qu’il avait atterri dans la fosse… Il est devenu quoi, lui, dans l’histoire ? 

— Ben là tu vois, on ne sait pas, c’est là que je me suis dit : c’est décousu, on commence des trucs mais on ne voit pas le bout.

DIALOGUE ENTRE DEUX SCRIBES (MICHÈLE & JOËL)

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« (…) J’ai essayé de prendre les impressions de trois filles, la quinzaine à tout casser. Je les ai saluées, leur ai demandé c’était comment ? J’ai eu droit à un haussement d’épaules pour la première, un bof pour la deuxième et la troisième m’a offert une jolie bouche en O. Je n’ai pas pu aller plus loin avec elles, un prof les poussant dans le dos vers la sortie.

Entre-elles, elles parlaient bien - je ne sais pas si elles parlaient du spectacle ou quoi - mais quand on leur proposait d’entrer dans la danse, rien. Pas même un adjectif, rien.

— C’est la sidération post-spectacle.

— Ou le fait qu’une tierce personne s’immisce dans leur conversation…

— Dire ou ne pas dire après un spectacle, c’est la question.

— La question de la liberté du spectateur, tu veux dire ?

DIALOGUE ENTRE DEUX SCRIBES (HÉLÈNE & JOËL)

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« (…) Une jeune femme s’est volontiers arrêtée pour me livrer ses impressions : elle a trouvé impressionnant que si peu d’acteurs puissent jouer autant de personnages et garder la voix de l’enfant tout au long du spectacle. Une voix comme une pâte sablée, une voix qui s’effritait, « Ein Mürbeteig, ein krümmeltes Brot » dirait la langue allemande.

La jeune femme a tout aimé, l’histoire / la narration / l’ambiance / la machinerie / les marionnettes / les acteurs / les acteurs qui faisaient les marionnettes / les marionnettes qui faisaient l’acteur : tout le monde était vraiment à sa place. Enfin… l’histoire et ses drames passaient mieux quand étaient en jeu les seules marionnettes. Quand les acteurs se fondaient derrière la marionnette. Jouer avec les marionnettes ce n’est pas plus simple, mais c’est plus ouvert. La jeune femme mésestimait le potentiel des marionnettes à dire autant de choses.

— Ben on n’est plus au temps des guignols, non plus.

DIALOGUE ENTRE DEUX SCRIBES (HÉLÈNE & MICHÈLE)

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« (…) J’ai été happée par deux jeunes garçons en classe de 5e, qui m’ont dit quelque chose comme « c’est une histoire vraie d’aujourd’hui ». J’étais un peu surprise, j’ai demandé quelques précisions :

— Ben oui parce que encore aujourd’hui les garçons se laissent enlever.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (FRANÇOISE)

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« (…) Beaucoup de passages m’ont interpellée, notamment Lazare. Dans la Bible, Lazare dit « Lève toi et marche et grimpe et tu peux le faire », c’est ce que fait l’enfant… Il parle comme Jésus. Je ne sais pas si cette pièce pourrait avoir une inspiration chrétienne, mais je l’ai senti à plusieurs moments : par exemple l’enfant vient en aide pour autrui à plusieurs reprises. Quand sa petite sœur doit baisser sa culotte il vient aussi à son secours.

Pourquoi sa petite sœur doit apporter de la viande ? Pourquoi de la viande et pas sucre, du pain ou de la soupe ? Surtout dans une famille pauvre… Alors peut être que c’est tiré par les cheveux, mais quand on dit l’expression « s’est fait chair », y a peut-être là une racine biblique. En plus le titre de la pièce Je n’ai pas peur peut faire penser à la parole de Jean-Paul II quand il s’est adressé aux Polonais : « N’ayez pas peur ». Cette parole-là, c’est aussi ce que dit Jésus, « N’ayez pas peur », « Suivez-moi. » 

Y a aussi la question du hasard, ça revient deux fois (les trois allumettes), un peu arrangé la première fois… C’est la destinée. Il peut avoir une dimension spirituelle dans cette question du hasard et du destin. C’est pour ça : a-t-on peur ou n’a-t-on pas peur, telle est la question. J’ai trouvé ça très profond mais je ne peux pas répondre. Voilà, je me suis endormie mais j’y ai trouvé quelque chose.

Pièce à revoir.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (DANIÈLE)

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« (…) Je connaissais le fils d’une amie, suis allé lui parler et il est resté muet. J’ai essayé de sonder quand même un petit peu, tu as eu peur ? je lui ai demandé.

— Non ça va, les filles ont eu peur, je n’ai pas vraiment compris pourquoi. Moi ça va, je n’ai pas eu peur. Je n’ai jamais peur. 

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (JEAN-JACQUES)

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« (…) Nous avons rencontré un spectateur qui avait préparé son interview. Comment s’est-il retrouvé là ? À la suite de la rencontre avec le directeur de la troupe, glissera-t-il. Habituellement il fonctionne à l’intuition, aux prises de risques et n’entre pas dans le jeu de la recommandation - cela dépend trop du parcours de chacun. Ne veut pas faire de la pub pour un spectacle et laisse le hasard décider de la vie du spectateur.

Par contre il emmènerait bien de force des enfants voir Je n’ai pas peur. Comment justifie-t-il cette position ? Les adultes ont un parcours suffisant pour faire leur avis par eux-mêmes sur la vie… Les enfants ce n’est pas la même chose : ils doivent se poser des questions morales, de vraies questions morales … et Je n’ai pas peur leur permet ça, quand bien même ils s’ennuient au bout d’une heure et pianotent sur leurs smartphones.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR DEUX SCRIBES (MADELEINE & FRANÇOISE)

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« (…) La personne interrogée était directement liée au monde du théâtre. Première observation : ce spectacle était un film de guerre (violences, bruitage, fumée, hélicoptères… ). Le vocabulaire était sans filtre, naturel, sans trucage, pas choquant (malgré la pléthore de gros mots, quand même). C’est le cœur des personnages qui parle, qui détermine leur langage et de fait ça parlait aux jeunes présents dans la salle.

À propos de Michele, elle a été épatée qu’il aille jusqu’au bout de son idée, qu’il n’en démorde pas. Il prendra un chemin droit tandis que le père cheminera de façon tortueuse. Ce qui n’empêchera pas le père de s’en sortir.

Elle a été touchée par la réconciliation père / fils : la reconnaissance du fils Michele par son père est pour notre interlocutrice « une petite lumière, une lanterne, un phare dans la nuit ». Elle a découvert certaines choses en les formulant avec nous, comme la prise de conscience de la cruauté des adultes ou le fait que les parents donnaient aux enfants l’image d’un monde noir. Elle reconnaîtra s’être exprimée ce soir-là à titre personnel, au-delà de son job de chargée de diffusion pour sa compagnie.

Plus globalement elle a apprécié : la clarté des personnages / l’ambiance italienne / la musique / les sons et les silences. La formule « Un spectacle vibrant » résumera son point de vue.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (HÉLÈNE & GAËLLE)

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« (…) Avec une spectatrice on a parlé à un moment des cauchemars très présents dans le spectacle, elle eut cette formulation : « On sait que c’est un rêve, que c’est une interprétation de cauchemar, donc on n’a pas peur. On passe du réel dans la fiction, à la fiction dans la fiction ».

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (FRANÇOISE)

© Dessin _ Anne S.

« (…) J’ai un peu perdu le fil de l’histoire, peut-être parce que j’ai dormi, bercée par les manœuvres un peu répétitives et monotones, qui coupaient le rythme.

J’ai beaucoup aimé les expressions des marionnettes, et me suis demandé : pourquoi des marionnettes ? Qu’est-ce que ça apporte à la pièce ? C’est une pièce adaptée d’un roman italien et ça m’a fait penser à Pinocchio, Pinocchio c’est un enfant, c’est une marionnette, c’est un enfant qui a un père et qui est confronté à la méchanceté des hommes, constamment, il est enlevé, il est martyrisé, il est face à des mafieux, des truands. Faut croire que la marionnette de Pinocchio a laissé des traces dans la littérature italienne.

Dans l’ensemble ce n’est pas une pièce faite pour les enfants, j’ai trouvé que c’était un peu trop philosophique, trop de questions sans réponse.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (DANIÈLE)

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« (…) Pendant quelques temps j’étais un scribe au chômage technique, les spectateurs défilant devant moi sans s’arrêter au stand : ils stationnaient près de la sortie puis rentraient rapidement chez eux.

J’ai cependant rencontré trois demoiselles d’une douzaine d’années, l’une d’elles affirmant très vite que Je n’ai pas peur est une pièce « comme un film en réel ». Elle dira même : « des tableaux de cinéma qui se succèdent ». Elle se demandera comment ont-ils fait pour faire passer l’émotion entre elles et les marionnettes.

L’émotion de la marionnette était la nôtre, précisera-t-elle. Elles ont essayé d’énoncer précisément cela, mais bien sûr elles échoueront, comme moi j’échouerai à poser des questions sur cette projection marionnette/spectateur. Juste avant de partir elles trouveront cependant une belle formule : « Notre corps était avec le corps de marionnette ».

Pour faire vivre la conversation je leur restituais mes propres questions morales sur la pièce, parce qu’au bout de trente secondes elles chantaient le refrain préféré des spectateurs fouesnantais « C’était Gé-nial ». Je me demandais quel choix Michele allait prendre : respecter l’interdit paternel ou respecter son pacte avec Michele pour le secourir ? Les trois copines savaient que Michele allait être fidèle à sa parole, toutes les trois n’avaient aucun doute là-dessus.

Le doute, elles l’avaient plutôt sur le focus à donner : qui regarder, la marionnette ou l’acteur ? Un choix cornélien, comme si la question du choix moral traversant la pièce déteignait sur la position du spectateur. Qui regarder ? La marionnette ou celui qui parle réellement ? L’adulte ou l’enfant ?

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (JOËL)

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« (…) Pour une spectatrice, c’est un roman qui parle des relations et difficultés que rencontrent les parents et les enfants. Même si l’histoire est tragique, le père s’improvise rapteur d’enfant parce que la famille est pauvre, parce qu’il veut offrir par exemple des lunettes à ses enfants.

Le rôle le plus important est celui du père, il est dans le doute, il ne sait pas quoi faire, il s’en remet au hasard. On sait peu de chose sur son intériorité. On en sait moins sur lui que sur Michele, mais c’est ce qui le rend plus intéressant, plus attachant.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (FRANÇOISE)

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« (…) On oublie la disproportion entre la marionnette et l’acteur derrière, ça forme vraiment un ensemble cohérent, on est complètement pris : je me suis retrouvé les mâchoires un peu crispées. J’avais envie de le pousser le petit bonhomme [quand Michele, tombé lui aussi dans le trou à rat, tentait d’en sortir]. je serrais les dents. L’enfant près de moi étant un peu dans le même état, il m’a dit à la fin « ça fait un petit peu peur. Mais j’aime bien bien avoir peur ». C’est rare d’assister à un spectacle qui plaise autant aux enfants qu’aux adultes.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE

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« (…) J’ai recueilli les paroles de deux jeunes garçons : ils ont trouvé le spectacle chelou

En voyant les têtes de personnages, y en a un qui était mort de rire. Pour couronner le tout il a trouvé les dialogues un peu trop familiers. Il avait un peu peur, trouvait que la fumée sentait mauvais. Cela dit, le jeune garçon a bien aimé la musique à thème (de l’Italie). Les mots qui lui viennent à l’esprit : kidnapping, sordide, mensonge, famille…

— Et l’enfance, là-dedans ? je leur ai demandé.

— Ah oui l’enfance, ben on y pense pas trop ! Y a des jeux d’enfant, y a des jeux d’adulte, ils ne jouent pas sur le même terrain mais les deux sont mis en parallèle.

— La fin est terrible, complétera le deuxième garçon, c’est une vérité épatante et étonnante, dans le sens physique du terme parce qu’il y a des coups de feu. Michele n’est pas mort et il rencontre son père à la sortie de prison et lui accorde son pardon.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (DANIÈLE)

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« (…) Et moi, quelle spectatrice ai-je été ?

Je me connais : ne voulant rien savoir d’avance, surtout pas l’histoire tout au plus le genre, théâtre, musique, cirque, je suis une spectatrice qui aime se laisser surprendre dès le lever de rideau et les quelques secondes qui ont suivi ont conditionné mon attention. J’ai plongé tête baissée dans ce qui m’était offert pour ne refaire surface qu’aux applaudissements, épuisée par la performance des acteurs et délivrée du cauchemar. J’en aurais presque oublié mon rôle de scribe tant je revenais de loin.

J’étais terriblement concentrée, immobile, mâchoires serrées, placée parmi un jeune public concentré lui aussi. Le silence était partout, intense, à la hauteur du drame qui se jouait là sur scène. Un drame de marionnettes dont le petit Michele, avec une voix incroyablement profonde, enfantine, du haut de ses 9 ans a embarqué tout le public.

Pas un bruit de pieds. Pas un raclement de gorge, trop serrée pour émettre le moindre son, pour que le public ne bouge, juste un léger frémissement de dégoût lorsqu’à plusieurs reprises il y eut des scènes de crachats méprisants. Même les mots les plus vulgaires n’ont pas choqué les spectateurs tellement ils sonnaient juste, à leur place. J’étais haletante, je tirais mentalement ce malheureux enfant sur les pentes glissantes, compatissante je le rattrapais de justesse au bord de la trappe fatidique, avant sa découverte macabre.

L’alternance de cruauté, de naïveté, d’espoir et de noirceur accompagnée d’un fond musical évoquant une Italie plutôt pauvre et populaire a fait vibrer toute la salle et son jeune public.
Je regrette beaucoup l’absence de spectateurs adultes que le mot marionnette a certainement éloignés de ce spectacle pourtant plus proche du monde actuel que de celui des enfants, même si ceux-ci sont les victimes de Je n’ai pas peur.

Comme Pinocchio, Michele a beaucoup appris du monde des adultes pour grandir à son tour.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (HÉLÈNE)

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« (…) Si ce spectacle avait été une musique ça aurait été du Wagner, me soufflera une maman avec ses deux filles. Elles venaient de Quimper. C’était complet partout là-bas m’ont-elles dit. Elles ont pris la voiture et hop, les voilà qui débarquent à l’Archipel, à défaut d’autre chose. Elles ne savaient même pas ce qu’elles venaient voir. Elles voulaient juste voir un spectacle. Elles verront Je n’ai pas peur. »

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR UN SCRIBE (FRANÇOISE)

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-Treize manières de regarder “Je n’ai pas peur”

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À partir de témoignages oraux des scribes, et de leurs textes généreusement transmis, téléchargeables ici : Magdeleine & Françoise | Hélène Charpentier
Mise en écriture : Joël Kérouanton. 1ère mise en ligne le 20 février 2016 et dernière modification le 19 octobre 2017.