Spectateur-Economiste

Plus que le spectacle, c’est l’Économie qui le passionne. C’est-à-dire la manière dont le performeur se dépense pendant la durée du spectacle. Le performeur, il double, il triple, quadruple le régulier battement sanguin, le circuit des liquides. Il meurt jeune. Musique ! Musique ! Et que fait le spectateur-économiste ? Il vient voir le performeur s’exécuter. Cette dépense inutile le fait jouir, lui active la circulation des sangs, pénètre à neuf ses vieux circuits. Un spectacle n’est pas un bouquin, un tableau, un discours, mais une durée, une dure éprouve des sens : ça veut dire que ça dure, que ça fatigue, que c’est dur pour nos corps, tout ce boucan. Faut que les performeurs en sortent exténués. Il est comme ça, le spectateur-Économiste, il a quelques exigences personnelles.

Collecte : Pour Louis de Funès, précédé de : Lettre aux acteurs, V. Novarina, Actes Sud, Arles, 1986.
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